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Mars — Avril 2025
Le carême débute le 5 mars pour nous mener à Pâques le 20 avril.
Vu la parution bimensuelle de la feuille paroissiale, cette période de Carême s’inscrit parfaitement dans l’espace-temps avant la prochaine parution.
Ce long cheminement vers Pâques est une belle occasion pour nous recentrer sur l’essentiel à savoir faire preuve de générosité et renforcer notre foi.
Comme chaque année, Entraide et Fraternité sollicite notre générosité pour un monde plus juste. Le Pérou retiendra toute notre attention. (Vous prendrez connaissance d’une initiative de notre communauté un peu plus loin dans cette feuille.)
Dans le contexte de ce Carême et se fondant sur le thème de la campagne de l’association : « semons la solidarité, cultivons l’espérance, » il me parait opportun de réfléchir sur les concepts de justice, de solidarité, d’espérance en lien avec la notion de travail de la terre : semer, cultiver.
Les spécificités de la lutte pour la justice au Pérou dans un contexte très difficile de pauvreté, de sécheresse et d’indifférence politique, reposent sur l’apprentissage du vivre ensemble lors de l’apprentissage de techniques d’agroécologie, l’art comme moyen d’expression et de résistance, la résilience face aux crises par l’entraide et la solidarité, la fierté de leur projet malgré la pauvreté. Toutes ces attitudes vont à l’encontre des démonstrations néocapitalistes, expressions d’un individualisme exacerbé écrasant tout sur son passage, tenant pour nul tout autre que soi-même.
Une forme d’humiliation qui a pour effet d’exclure et de décréter l’humain superflu. (Jean-Louis Schlegel) et qui, selon Olivier Abel, est une humiliation sans nom et trop souvent ignorée, elle peut générer la barbarie inédite qui nous menace, et qui trop souvent nous atteint. Elle est un nouveau poison de notre société comme l’indique le sous-titre de son essai « De l’humiliation »
« Une société non-humiliante cherche à multiplier les perspectives, à autoriser chacun à interpréter devant les autres qui il est. Elle voudrait que chacun soit acteur et narrateur de sa propre vie, sans que quiconque puisse être considéré comme jetable, superflu. Une société non-humiliante voudrait s’appuyer non pas sur des administrations gestionnaires mais plutôt sur des institutions qui seraient des espaces, des lieux (des théâtres, dit OA) pour nos paroles et nos actions, où nous puissions nous essayer tour à tour à paraître, à trouver notre propre expression, notre place. Des institutions qui seraient des théâtres de reconnaissance mutuelle. »
Tel semble être le souci des associations locales péruviennes aidées par Entraide et Fraternité. Mais ces associations sont surtout animées par l’espérance, l’espérance telle que rappelée dans le texte du Pape François à l’occasion de l’année sainte présentée dans la feuille précédente et qui guide notre cheminement tout au long de cette année.
L’espérance est la vertu qui oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante.
Regarder l’avenir avec espérance, c’est aussi avoir une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre.
Durant ce carême, comme les habitants des banlieues des villes du Pérou, semons et cultivons des graines de solidarité ; il est possible de s’organiser, de s’entraider pour une issue des crises quelles qu’elles soient selon nos capacités et nos aspirations et ce que nous récolterons prendra tout son sens au jour de la Résurrection.
C. S.
Janvier — Février 2025
Une année d’espérance.
L’année nouvelle frappe à notre porte. Depuis un petit temps déjà les vitrines sont en fête, les marchés de Noël prolifèrent plus beaux les uns que les autres. Les commerces rivalisent d’imagination pour attirer les chalands. La fête pour oublier ou pour annoncer un avenir meilleur ?
Il est de tradition que sous le gui les cadeaux attendent leur destinataire et que de tout coeur les bons voeux s’échangent.
Les voeux, par définition sont « un souhait très vif, le désir de voir se réaliser quelque chose. »
Les voeux chaleureusement échangés seraient donc un début de réponse à une attente de quelque chose chez ceux qui nous sont chers ?
Alors que les voeux se limitent à un souhait, l’espérance est l’attente avec confiance de la réalisation de ce désir ; les promesses de Dieu, attendues durant l’Avent, se réaliseront.
Le chrétien mais nous tous aussi nous espérons un monde de paix, de justice, d’égalité.
L’imprévisibilité de l’avenir suscite des sentiments parfois contradictoires : de la confiance à la peur, de la sérénité au découragement, de la certitude au doute. Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur.
Pour remédier à cet état d’esprit et actualiser cette nécessité de remise en question continuelle, pour garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée, l’Eglise a instauré une année Sainte . Son thème « pèlerin de l’espérance » (Spes non confundit),
Cette année jubilaire, qui ne se renouvelle que tous les 25 ans, doit être, pour chacun, l’occasion de ranimer l’espérance.
Depuis le 9 du mois de mai 2024, date à laquelle le Pape François a publié les directives pour l’organisation de cette période importante, les églises locales sont invitées à prendre des initiatives afin de concrétiser cet élan nouveau.
Ce n’est pas un hasard si le pèlerinage est un élément fondamental de tout événement jubilaire.
Se mettre en marche est caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie. On y redécouvre la valeur du silence, de l’effort, de l’essentiel.
Sans doute connaissez-vous des pèlerins qui témoignent bien volontiers de cette réalité. Nombreux seront-ils en 2025 qui prendront la route vers Rome ou ailleurs.
Regarder l’avenir avec espérance, c’est aussi avoir une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre.
Les recommandations du Pape qui suivent si elles s’adressent aux disciples du Christ peuvent parfaitement coïncider avec les préoccupations de tout un chacun.
Au cours d’une Année Jubilaire, des signes tangibles d’espérance pour de nombreuses personnes qui vivent dans des conditions de détresse :
- les détenus en particulier.
- Les malades attendent que leur soient offerts des signes d’espérance.
- Ceux qui, en leurs personnes mêmes, représentent l’espérance ont également besoin de signes d’espérance : les jeunes.
- Il devra y avoir des signes d’espérance à l’égard des migrants qui abandonnent leur terre à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs familles.
- Les personnes âgées méritent des signes d’espérance, elles qui font souvent l’expérience de la solitude et du sentiment d’abandon.
Et le pape d’ajouter :
- J’invoque de manière pressante l’espérance pour les milliards de pauvres qui manquent souvent du nécessaire pour vivre. »
Faisant écho à la parole antique des prophètes, le Jubilé nous rappelle que les biens de la Terre ne sont pas destinés à quelques privilégiés, mais à tous. Ceux qui possèdent des richesses doivent être généreux en reconnaissant le visage de leurs frères dans le besoin (ceux qui manquent d’eau et de nourriture).
Un sursaut de conscience devrait permettre de consacrer les ressources financières consacrées aux armes à un Fonds mondial créé en vue d’éradiquer la faim et financer les pays les plus pauvres écrit encore le Pape.
Une autre invitation pressante est adressée aux nations les plus riches à remettre les dettes que les pays pauvres ne pourront jamais rembourser.
Autre iniquité que le Pape met en évidence la dette écologique particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays. Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injustes et insolvables et rassasions les affamés.
L’espérance trouve dans Marie, la Mère de Dieu son plus grand témoin. En elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie.
Au pied de la croix, alors qu’elle voit Jésus innocent souffrir et mourir, bien que traversée d’une immense souffrance elle répète son “oui”, sans perdre ni l’espérance ni la confiance dans le Seigneur.
Et dans le tourment de cette douleur offerte par amour, elle est devenue notre Mère, la Mère de l’espérance.
Dans les mois qui suivent, nous devons “déborder d’espérance”…pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. Bonne année à toutes et tous.
C. S
Décembre 2024
Eglise et actualités
Au moment de reprendre contact avec vous, je suis perplexe en prenant connaissance de l’actualité.
Quelle attention portons-nous à ces faits qui se succèdent, à la priorité que nous leur donnons ?
Où se situent nos centres d’intérêt, quelles sont les valeurs qui nous animent ?
Fin octobre, outre les informations que nous distillent les médias, qui nous tiennent en haleine comme l’approche des élections américaines (l’ensemble est rarement réjouissant) peu d’importance a été donnée à des sujets qui pourtant concernent le monde entier.
Dans l’ordre chronologique, j’ai retenu, en date du 22 octobre, le décès de Gustavo Gutiérrez, péruvien, prêtre devenu religieux dominicain les dernières années de sa vie. Son nom ne dit pas grand-chose pour nombre d’entre vous. Il bouleversa toute l’Eglise lorsque en 1967, il publia « Théologie de la libération » ; après Vatican II, il voulait renouveler l’Eglise afin qu’elle soit capable de réfléchir sur le terrain social, lui-même très engagé au milieu des délaissés de son pays.
On découvrait qu’il y avait un chemin et ce chemin c’est la solidarité avec les pauvres. Ce travail de fond est toujours en cours, le pape François ne cesse d’inciter à prendre ce chemin.
Deux jours plus tard, le pape François publie sa 4ème encyclique « Il nous a aimés » ; cette lettre à l’Eglise apparait comme un testament spirituel où il nous livre le cœur de son discernement spirituel sur les appels que l’Esprit adresse à l’Eglise à notre époque qui semble avoir perdu le cœur. (E. Kern). « Il prie le Seigneur Jésus-Christ pour que jaillissent pour nous tous de son saint Cœur ces fleuves d’eau vive qui guérissent les blessures que nous nous infligeons, qui renforcent notre capacité d’aimer et de servir, qui nous poussent à apprendre à marcher ensemble vers un monde juste, solidaire et fraternel. » (alinéa 220)
Enfin le 26 octobre, le Vatican publiait les conclusions du synode sur la synodalité. Les attentes généralement formulées au sein et en dehors de l’Eglise sont loin d’être satisfaites mais les sujets brûlants ont été abordés ; le document final encourage une plus grande participation de tous les niveaux de l’Eglise aux processus décisionnels. Le modèle de la synodalité est la Vierge Marie car elle « écoute, prie, médite, dialogue, accompagne, discerne, décide et agit »
Ces informations ont une connotation marquée chrétienne ; l’approfondissement du contenu de ces informations concerne néanmoins l’essence même de notre nature humaine.
Ce que m’inspire ces documents ?
Je ne peux être indifférent à ces situations de pauvreté qui m’entourent.
Chaque jour, c’est avec le cœur que je m’approche des autres, mes gestes ne sont que la manifestation de tout ce que j’ai dans le cœur.
Si je veux aboutir dans mes projets, il est important de m’entourer d’autres, de réfléchir à la meilleure façon de réaliser ce que l’on attend de moi.
Depuis lors, les médias n’ont cessé de nous abreuver de nouvelles aux conséquences importantes comme l’élection inattendue et source de nombreuses appréhensions du nouveau président des Etats-Unis, de l’ouverture de la Cop 29, des catastrophes climatiques en Espagne et ailleurs, des accords de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Sud (Mercosur), de la guerre qui perdure dans le moyen- orient, en Ukraine,… et sous-jacent à tous ces bouleversements les cris de souffrance d’hommes et de femmes désespérés qui se sentent incompris ou abandonnés.
Des cris d’alarme, des propositions, des alternatives sont aussi avancées dans les médias ; pourquoi ne les entendons-nous pas ? Les textes évoqués ci-avant proposent des pistes.
Alors je me dis que c’est vraiment nécessaire de m’interroger, de réfléchir à des propositions positives, constructives pour l’avenir et de m’investir comme tous ces bénévoles qui ont proposés leur aide aux sinistrés en Espagne mais à bien d’autres endroits encore ; elles donnent des raisons de vivre.
Le temps de l’Avent, en préparation de Noël, est un moment propice.
« Nous n’atteignons pas notre pleine humanité si nous ne sortons pas de nous-mêmes ; et nous ne devenons pas pleinement nous-mêmes si nous n’aimons pas. » (al. 59)
C. S.
Novembre 2024
La pauvreté nuit gravement à la santé mentale
La lutte constante pour survivre, le stress, l’humiliation, les conditions de vie usantes portent préjudice à la santé physique aussi bien qu’à l’équilibre psychologique des personnes qui vivent la pauvreté. Une personne en situation de pauvreté court entre 1,5 et 3 fois plus de risques de développer des signes de dépression ou d’anxiété. La santé mentale, composante essentielle du bien-être global, ne doit pas être reléguée au second plan, surtout dans un contexte où la précarité socio-économique s’accentue. Avec Action Vivre Ensemble, à l’occasion de ce nouvel Avent, choisissons la solidarité contre la pauvreté.
En 2022, en Belgique, environ une personne sur quatre présentait un trouble anxieux et/ou dépressif, un chiffre en augmentation depuis la crise du Covid-19.
La santé mentale nous concerne toutes et tous mais cette augmentation est particulièrement marquée chez les personnes vivant en situation de précarité. La santé mentale et la précarité sont étroitement liées, dans un cercle vicieux où l’exclusion sociale et les troubles psychiques se nourrissent mutuellement. En effet, les conditions socio-économiques précaires telles que le manque de logement stable, l’insécurité alimentaire, l’instabilité professionnelle et un réseau social restreint peuvent aggraver les problèmes de santé mentale, et inversement.
La santé mentale nécessite d’agir de façon structurelle, en amont, sur les conditions de vie et les inégalités. Elle relève donc d’une responsabilité collective et politique.
La pauvreté nuit gravement à la santé mentale.
Action Vivre Ensemble le rappelle au cours de sa campagne d’Avent. Avec d’autres associations, elle met en avant plusieurs pistes de changements structurels : davantage de collaborations multi-sectorielles et une approche globale de la santé mentale, plus de moyens financiers pour le secteur de la santé mentale, notamment pour les acteurs de première ligne et les équipes mobiles, l’investissement dans une politique de prévention des problèmes de santé mentale pour contrer efficacement le développement et/ou l’aggravation de troubles mentaux, l’amélioration des conditions de vie des personnes en situation de pauvreté (logement, revenus, services publics, accès aux soins), indispensables à une meilleure santé mentale.
Action Vivre Ensemble nous invite aussi à changer notre regard sur les pathologies mentales : elles sont souvent le résultat de conditions de vie durablement difficiles et non une question de courage ou de volonté individuelle.
Cette campagne nous invite enfin à découvrir et à soutenir les multiples associations qui luttent au quotidien aux côtés des personnes les plus pauvres en leur proposant un accompagnement social de qualité, en recréant des liens et en déconstruisant les stéréotypes autour de la pauvreté.
En nous invitant à poser un geste de solidarité avec les 72 projets soutenus par Action Vivre Ensemble, nos Évêques nous rappellent que l’Église n’est pas réellement fidèle à Jésus-Christ si elle ne met en son centre la personne en situation de pauvreté, d’exclusion ou d’oppression. Dans les maisons de quartier, les écoles de devoirs, les maisons d’accueil, les services d’aide urgente et d’accompagnement social, des hommes, des femmes, des enfants comptent sur nous pour les accompagner sur le chemin d’une vie digne. Notre partage financier à l’occasion de la collecte dédiée marque concrètement notre volonté de répondre au « défi de Noël » comme l’appelle le pape François, qui consiste à découvrir dans la naissance du Christ une « petitesse » qui accueille toutes nos pauvretés, vulnérabilités, incapacités et nous enveloppe d’une « tendresse révolutionnaire », poussant à développer une « créativité de la charité ».
Répondons généreusement à ce nouvel appel. Déjà un immense merci.
Octobre 2024
L’automne
Au moment où j’écris ces premiers mots, il fait froid.
Alors qu’il y a quelques jours encore la température dépassait les 30 degrés et que, dans les prochains jours, on nous annonce un réchauffement significatif. C’est l’automne.
A l’image de la température, le ciel prend successivement des couleurs versatiles, du bleu azuréen au noir plombé des cumulus menaçants qui permettent parfois d’admirer de magnifiques couchers de soleil. Au fond des vallées, on peut admirer les tapis floconneux engendrés par le brouillard C’est l’automne.
La nature n’est pas en reste : voilà le temps des récoltes commencées un peu plus tôt pour les céréales qui se poursuivent par celles des pommes de terre, du maïs, des betteraves, …Les potagers sont tellement généreux en ce moment qu’ils suscitent l’effervescence pour les mettre en réserve au plus tôt à l’approche des mauvais jours. C’est l’automne.
Nous serons bientôt émerveillés par les palettes de couleur admirables que prendront les feuilles des arbres avant de se mettre au repos. C’est l’automne.
Pour nous les humains, c’est la rentrée, la rentrée des classes, la rentrée au travail ; après quelques jours de ressourcement au soleil de préférence, nous avons emmagasiné de l’énergie pour repartir de plus belle, plein d’entrain, de bonnes résolutions. Il y a là un paradoxe déconcertant
Autre fois, l’homme était contraint de cesser ou diminuer son activité extérieure au fur et à mesure que l’automne avançait. Il se réfugiait dans son habitat du moment, grotte, cabane, maison, etc. Cette action était purement mécanique, elle était subie par l’homme, le climat lui indiquait la démarche à suivre. C’est le temps de la réflexion et non plus celui de l’action.
Tous ces signes évoqués d’un changement en marche nous orientent vers une fin de quelque chose, ils devraient nous inciter à prendre du recul, à marquer un temps d’arrêt pour établir le bilan de ce qui a été vu et vécu.
« L’automne est bien plus qu’une saison de changements extérieurs. Elle est également une période propice à l’introspection. C’est une période pour réfléchir à nos aspirations, à nos défis, à nos réalisations.
L’automne nous enseigne une leçon à travers l’acte majestueux des arbres qui laissent tomber leurs feuilles. C’est un rappel que, tout comme la nature, nous devons apprendre à lâcher prise pour évoluer spirituellement. Le lâcher prise est un rappel que la vie est cyclique : tout ce qui tombe est remplacé par quelque chose de nouveau.
L’automne est une saison idéale pour cultiver la gratitude, pour prendre un moment pour remercier de tout ce que nous avons accompli. C’est un temps de célébration des récoltes mais aussi de reconnaissance pour les expériences qui ont enrichi notre vie. »
Pour terminer cette réflexion, je ne résiste pas à vous proposer ces Conseils d’une feuille automnale :
Dans la feuille tombée de l’automne, j’ai vu précisément la glorieuse synthèse d’une vie végétale humble mais fidèle à sa consigne, noble jusqu’à la fin. La feuille qui fut allégresse et couleur durant l’été ; celle qui a fourni jour après jour son lot d’amour traduit en oxygène le plus pur ; celle qui a été ombre accueillante et murmure caressant ; celle qui a orienté toutes les matinées ses yeux verts en direction du soleil : celle-là disparaît en douceur, avec un message doré dans sa chute. Il ne s’agit pas d’une chute brusque, il ne s’agit même pas d’une chute : c’est l’ultime mouvement harmonieux d’un être qui s’est repu en buvant le soleil jusqu’à se colorer de la même couleur que ses rayons et descend alors aux pieds des hommes en tapissant d’un tapis magique le passage de ceux qui aspirent également à s’emplir de soleil. Combien de conseils muets sont gardés dans la feuille automnale ! Combien d’entre nous, êtres humains, par peur de la mort, ne savons pas vivre ! Combien de fois ont été gaspillées des années et des années, en quête d’illusions éphémères et floues qui n’impliquent pas le soleil stimulant pour la feuille mais les ombres trompeuses aux lumières artificielles ! Que peu nombreux sont les hommes qui parfument leur entourage pendant qu’ils existent, qui servent chaque jour leurs semblables, pensant à l’arbre tout entier de la Nature, plutôt qu’à la condition individuelle de feuille !
( Délia STEINBERG GUZMAN )
C. S.
Septembre 2024
La rencontre
Dans le précédent billet, j’évoquais la possibilité offerte par les vacances de réaliser des rencontres exceptionnelles.
Qu’est-ce qu’une rencontre ?
Lorsque vous cherchez des sites sur internet avec le mot rencontre, vous sont immédiatement proposés des liens pour entrer en contact avec des personnes qui vous sont inconnues mais en attente de l’événement providentiel qui les sortirait de la solitude avec tous les dangers que cela représente. Ces échanges débouchent parfois sur de vraies rencontres, des projets de vie.
Deux éléments importants dans ce type de rencontres : deux personnes sont mises face à face et le hasard est un acteur essentiel de la rencontre.
Nous sortons d’un événement sportif qui nous a tenus en haleine pour différentes raisons mais à tout moment, le spectacle reposait sur la notion de confrontation lors d’affrontements parfois épiques.
Quel que soit le sport, il s’agissait d’hommes ou de femmes qui s’affrontaient au hasard des tirages au sort avec au final un gagnant et des perdants.
On pouvait lire sur le visage des athlètes cette rage de vaincre et pourtant assez paradoxalement au terme de ces épreuves les adversaires se saluaient respectueusement.
Non seulement cet événement sportif mondial constituait un vaste champ de bataille mais au final tous se sont retrouvés lors d’une grande fête scellant un rapprochement entre les hommes, ce que l’on souhaiterait voir se concrétiser dans la vie de tous les jours.
Il s’agissait de rencontres au premier sens du terme.
J’ai été frappé par l’interview qu’il m’a été donné de voir d’une athlète tireuse à l’arc. Après avoir exprimé son ressenti, d’une manière insistante, cette jeune athlète invitait à pratiquer le sport ; il permet de magnifiques rencontres.
La sincérité de son propos m’a été confirmée lors d’une autre émission où sur un plateau, elle apparaissait avec son compagnon, autre athlète olympien ! Elle avait vécu une rencontre qui pouvait expliquer son insistance.
Le sport, loin d’être une simple quête de performance, est effectivement une occasion unique de rencontre et de dépassement de soi.
Outre le sport, dans bien d’autres activités, nous pouvons vivre des moments forts là où deux personnes se rencontrent. Cette expérience est quotidienne.
Que faut-il entendre par rencontre ?
Nombre de philosophes ont réfléchi sur la question :
Pour Sartre, l’expérience de la rencontre est essentiellement comprise comme une confrontation ; pour Levinas, cette expérience est celle d’une nécessaire soumission à l’autre ; pour Merleau-Ponty, l’expérience d’autrui est celle d’une réciprocité harmonieuse et d’une coexistence permettant l’épanouissement de chacun.
Charles Pépin dans son livre « la rencontre, une philosophie » la définit comme suit : elle n’est pas un agrément, une alternative accessoire, elle nous est essentielle, elle modèle notre personnalité ; elle est au coeur de l’aventure de notre existence. Elle n’a pas simplement le pouvoir de nous faire découvrir l’amour, l’amitié ou de nous conduire au succès, elle nous révèle à nous-mêmes et nous ouvre au monde. J’ai besoin de rencontrer l’autre pour me rencontrer. Il me faut rencontrer ce qui n’est pas moi pour devenir moi.
S’inspirant de Martin Buber, philosophe allemand juif, auteur de l’ouvrage « Je et tu », Ch.Pépin écrit « me tourner vers toi est une manière d’exister et de te faire exister. »
Au cœur d’une vraie rencontre, il y a une surprise. Quelque chose qui déjoue mes attentes et qui, paradoxalement, me semble étonnant et familier à la fois.
Toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde.
Une philosophie salutaire en ces temps de repli sur soi.
Seuls, nous ne sommes rien, nous ne valons rien, nous ne devenons rien. Mais il suffit que je te rencontre et tout commence.
C. S.
Juillet-Août 2024
Juillet-août, période privilégiée de loisirs.
Enfin nous y voilà ! Voici venu le temps de disposer de mon temps ! Depuis des mois, que j’y pense, j’ai consulté internet, les agences de voyage, réservé assez tôt d’ailleurs pour ne pas payer trop cher !
Voilà que j’utilise déjà des termes économiques de marché pour entrer dans des activités qui sont censés nous faire oublier tout ce contexte de rentabilité.
Ceci voudrait-il dire que ce temps qui nous est offert a déjà été récupéré par le système ?
Dans l’antiquité, le temps de loisir a été considéré comme le temps soustrait aux activités du travail, ce temps permettait à l’homme de se consacrer au développement de ses aptitudes purement humaines : la culture, l’art, le sport, … Depuis le début du XXème siècle ; il apparait que ce temps est devenu un marché, il a été récupéré par la logique du travail.
Il faut être performant pour la réussite de l’existence et, de ce fait, on a fini par penser qu’on ne travaille plus pour obtenir le loisir mais qu’on obtient le loisir en vue de pouvoir mieux travailler.
C’est tellement vrai qu’actuellement, nous avons la possibilité de fractionner ces temps de congés, ce qui nous donne plus de courts moments pour nous refaire une santé en vue d’être encore meilleur.
Est-ce dans cet esprit-là que nous allons aborder nos vacances ?
Ne pourrait-on envisager les loisirs comme des moments où à travers le silence et la suspension de toute activité fonctionnelle, on peut se laisser imprégner par ce que le réel nous offre et rester à son écoute en vue d’appréhender comment bien vivre. C’est bien différent que de voir les loisirs comme un moyen de se vider l’esprit du poids du travail.
La juste valeur des loisirs et du temps des vacances peut contribuer à éduquer à une attitude d’écoute de la réalité et de l’environnement.
L’homme a besoin de loisirs, de s’adonner à d’autres activités que celles qui sont fonctionnelles et productives parce qu’il est un homme.
Durant les vacances, nous chercherons essentiellement à nous divertir par des activités de consommation pulsionnelle telles les sorties en boite, le shopping le long des plages, les dégustations en tout genre, …
Les divertissements semblent nous rendre heureux mais les formes contemporaines du divertissement et leur place dans la vie quotidienne ne sont que les symptômes actuels d’un drame humain, nous craignons l’inactivité, synonyme de l’ennui.
Alors que vais-je choisir ? Me précipiter sur les nombreuses et alléchantes activités qui me seront proposées : il faut rester actif ! ou choisir de profiter de mon temps pour réfléchir, inventer, créer, rêver…Apparemment rester inactif, ne rien faire ; de me donner de belles occasions de faire des rencontres dont on ne tarit pas d’éloge.
Dans le silence, on fait parfois aussi des rencontres exceptionnelles.
C.S.
Juin 2024
9 juin, fête des pères
La fête des pères revient chaque année au mois de juin. Mais savez-vous vraiment d’où vient cette fête, quelles en sont ses origines ?
Depuis le Moyen-âge, la fête des Pères est célébrée le 19 mars dans les familles catholiques. Cette date correspond au jour de la Saint-Joseph, considéré comme le père adoptif de Jésus. Le culte rendu à Joseph s’est développé dès le Ve siècle dans certains monastères.
Au fil des siècles qui vont suivre, Joseph va, non seulement, être reconnu comme l’époux de Marie, mais aussi comme le père nourricier de Jésus-Christ. Le culte autour de la fête des Pères chrétienne va se développer entre le XIVᵉ et le XVᵉ siècle. En 1479, le pape Sixte IV va introduire la Fête du 19 mars. La commémoration va rester occasionnelle et disparate jusqu’en 1621 où le pape Grégoire XV instaure un décret et en fait une fête pour l’Église universelle.
Il faudra attendre le XIXᵉ siècle pour que ce culte devienne universel. Le grand silencieux de la Bible devient alors le patron de l’Église universelle.
L’origine la plus connue de la fête des Pères moderne remonte au XXᵉ siècle. Nous sommes aux États-Unis, véritable berceau des fêtes populaires comme nous les connaissons aujourd’hui.
A la suite du sermon du jour de la fête des mères en 1909, une jeune femme qui portait le nom de Sonora Smart Dodd, proposa de célébrer la fête des pères. Cette jeune fille, ayant été élevée par son père suite au décès de sa mère, souhaitait montrer sa reconnaissance envers celui-ci. Le 19 juin correspond en fait à la date de naissance du père de Sonora Smart Dodd.
La première célébration de la fête des Pères aura lieu en 1910. Au fil du temps, cette idée va devenir de plus en plus populaire et se répandre dans tout le pays.
À l’occasion de la fête des pères, en tant que chrétiens, nous pouvons être amenés à nous demander ce qui, chez saint Joseph, pourrait éclairer le sens et l’importance de la paternité humaine.
Joseph est finalement peu présent, comme Marie d’ailleurs, dans les évangiles. Il n’ouvre guère la bouche.
L’absence de paroles fait place à toutes les richesses intérieures qui illuminent les faits et gestes de Joseph. Il accueille avec une extrême délicatesse et une force d’âme peu commune l’annonce de la prochaine maternité de Marie. Tout fiancé normalement constitué l’aurait vécue comme une trahison susceptible d’être vigoureusement dénoncée. Son honneur était en jeu.
Soudain, Saint Joseph se fait notre contemporain. Sa propre paternité a été pour lui terrain de doutes, d’interrogations, d’angoisses, de remises en question. Dans l’obéissance, le courage, l’accueil, la tendresse, il s’est laissé guider par Dieu. Sa mission l’a toujours emporté sur ses attentes personnelles. Cette disponibilité a été sa force pour vaincre tous les obstacles, même lorsque ceux-ci étaient de l’ordre de l’évidence. Il percevait l’invisible qui appartient à Dieu, mais qui comble les hommes.
Ne pourrions-nous nous inspirer de cette attitude pour une vie plus sereine ?
Cette année, en Belgique, la date de la fête des pères est fixée au dimanche 9 juin.
CS. JMT. MV.
Sources :
- https://teteamodeler.ouest-france.fr/culture/fetes/fete-pere-origine.asp
- https://catechese.catholique.fr extraits d’une homélie de Monseigneur Jean-Paul Jaeger, Evêque émérite d’Arras, Boulogne et Saint-Omer
Mai 2024
En cette période où traditionnellement les jeunes chrétiens reçoivent le sacrement de Confirmation,
il est peut-être bon de se rappeler ce que l’Eglise offre à la plupart d’entre nous lors de la préparation à ce sacrement.
Cette formation, je la puise chez notre Pape François. Au cours d’un cycle de catéchèse, il rappelle que l’Esprit est « le don de Dieu » par excellence. Il est un cadeau de Dieu, et à son tour il communique à celui qui l’accueille divers dons spirituels
Le premier de ces dons, le don de sagesse, il ne s’agit pas simplement de la sagesse humaine, fruit de la connaissance et de l’expérience mais de la grâce de pouvoir voir chaque chose avec les yeux de Dieu.
Le don d’intelligence, non pas celui de l’intelligence humaine, de la capacité intellectuelle dont nous pouvons plus ou moins être pourvus mais d’une grâce que seul L’Esprit Saint peut donner et qui suscite la capacité d’aller au-delà de l’aspect extérieur de la réalité.
Le don de Conseil : nous savons combien il est important, dans les moments les plus délicats, de pouvoir compter sur les suggestions de personnes sages et qui nous aiment. Or, à travers le don de conseil, c’est Dieu lui-même par son Esprit, qui éclaire notre coeur, pour nous faire comprendre la juste manière de parler et de nous comporter et le chemin à suivre.
Avec le don de force, le Saint-Esprit libère le terrain de notre coeur, il le libère de la torpeur, des incertitudes et de toutes les craintes qui peuvent le freiner, afin que la Parole du Seigneur soit mise en pratique, de façon authentique et joyeuse. Ce don de force d’âme est un vrai secours, il nous rend plus fort et nous libère aussi de nombreuses entraves.
Le don de science : lorsqu’on parle de science, nos pensées se tournent immédiatement vers la capacité de l’homme à connaître toujours mieux la réalité qui l’entoure et à découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers. La science qui vient de l’Esprit-Saint ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don spécial, qui nous amène à saisir, à travers la création la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec chaque créature.
Le don de piété : ce don ne s’identifie pas au fait d’avoir de la compassion pour quelqu’un, d’avoir pitié de notre prochain, mais indique notre appartenance à Dieu et notre lien profond avec Lui, même dans les moments les plus difficiles et troublés.
Le don de piété nous rend doux, nous rend calmes, patients, en paix avec Dieu, servant les autres avec douceur.
Le don de crainte enfin : cela ne signifie pas avoir peur de Dieu.
La crainte de Dieu au contraire, est le don de l’esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits devant Dieu et son amour, et que notre bien réside dans l’abandon, avec humilité, respect et confiance, entre ses mains.
Tous ces dons sont grâces, ils nous permettent d’entrer toujours davantage en intimité avec Dieu, à vivre de l’intérieur cet amour qui nous est offert.
Mettre en pratique l’un ou l’autre de ces dons de l’Esprit nous ouvrirait sans doute d’autres horizons.
C. S.
Avril 2024
Au terme d’un hiver particulier, climatiquement inquiétant, trop doux, trop humide, on pourrait compter sur les doigts de la main les jours de soleil. Un climat qui nous perturbe et qui impacte notre environnement et notre moral.
Faute de gelées, des derniers légumes sont une aubaine pour la nourriture des limaces et des escargots qui pullulent allègrement. Malgré une chute de feuilles tardive, certains arbres développent leurs bourgeons, de nombreuses fleurs trop hâtives s’épanouissent pour le bonheur de nos yeux mais les oiseaux enchanteurs se font de plus en plus rares à nous partager leur sérénade prématurée.
Faut-il nous réjouir ou nous inquiéter de tels phénomènes ?
A cette situation plus tout à fait normale s’ajoute le contexte géopolitique dans lequel nous vivons. Il suffit de se remémorer les événements de ces derniers mois : la guerre en Ukraine, le conflit en Palestine avec son autre conséquence corollaire les attaques Houthis en Mer Rouge, les péripéties du candidat Trump et ce qu’il prépare, les défis de l’énergie, le peu motivant satisfecit de la COP 28, les élections « truquées » dans différents pays d’Afrique (RD du Congo, Sénégal, …), d’Amérique latine (Salvador) ou d’Asie (Azerbaïdjan), la mort de Navalny, la colère des agriculteurs, les inondations dues aux intempéries,….
Toutes ces situations suscitent en nous de l’inquiétude.
Pas étonnant que nombre d’entre nous succombe au défaitisme ou pire encore dans la dépression.
Il a suffit que le soleil montre quelques rayons chaleureux pour que nombre d’entre nous se précipitent dehors sur les parcours de marche organisée par exemple. Vous en étiez peut-être.
La marche, le mouvement, une première réponse à la morosité, à la dépression ?
Comme chaque année à pareille époque, on est en marche vers un renouveau, une renaissance.
Le renouveau !
Depuis toujours les hommes vivent cet épisode : le renouveau à la sortie de l’hiver, C’est la vie qui resurgit.
Dans toutes les civilisations, les fêtes des saisons, associées aux solstices et aux équinoxes, symbolisaient et préparaient au passage des quatre grandes portes de l’année du cycle de la lumière et de la vie. La porte de l’aube et de la naissance, l’équinoxe de printemps ; la porte de midi, de la maturité et de l’apogée, le solstice d’été ; la porte du crépuscule et de la vieillesse, l’équinoxe d’automne et la porte de minuit et de la mort, le solstice d’hiver.
Ces événements se déroulent en même temps dans le cosmos, sur la terre et dans le cœur des hommes. Par l’imagination et le vécu du sacré à travers les fêtes, nous apprenons à connaître et à vivre consciemment les cycles de la Nature.
Sans trop d’encombre, nous avons franchi la porte de la mort, nous allons franchir la porte de l’aube et de la renaissance, de la résurrection.
« Avec la résurrection de la Nature, on fête aussi la résurrection de l’homme, l’accession de l’âme à l’immortalité. Dans de nombreuses traditions religieuses, des dieux ou des personnages sont en rapport avec ce grand mystère de la mort et de la résurrection, symbole d’espérance, car indiquant que la mort n’est pas une fin mais une étape qui permet à l’âme humaine d’atteindre l’immortalité. Il faut que l’homme meure à sa nature matérielle, pour ressusciter, c’est-à-dire renaître à sa nature divine et immortelle. Nous touchons là au mystère central de l’existence, celui de l’évolution spirituelle pour l’homme, symbolisé par la décomposition de la graine dans la terre et sa réapparition sous la forme d’un être vivant qui s’élève vers la lumière. » (Acropolis)
Faut-il finalement nous inquiéter de ce que nous vivons actuellement ?
Inscrits dans ce cycle universel, nous pouvons être confiants, nous n’échapperons pas aux épisodes de mort quels qu’ils soient, mais à l’image de la nature qui se renouvelle à son rythme, qui s’adapte à tous les contextes, une nouvelle vie se manifestera et triomphera pour un monde de ressuscités.
C. S.
Mars 2024
Soutenons l’agriculture familiale en RD Congo face à l’extractivisme minier.
En cette période bousculée par les guerres et les crises, le chemin de conversion du Carême s’offre à toutes les personnes qui le veulent comme un temps pour se mettre encore plus singulièrement à l’écoute de l’Esprit de Dieu – esprit de vie et de justice – et pour s’ouvrir avec le regard de la foi aux plus vulnérables des sœurs et des frères de notre grande famille humaine.
À l’Est du Congo, c’est la petite agriculture qui nourrit les familles. Elle représente la principale source de revenus et fournit les moyens d’existence à 80% de la population. Cette agriculture familiale est menacée par les ressources minières dont regorge le Sud-Kivu. En effet, la République démocratique du Congo est l’un des pays les plus riches de la planète qui regorge de richesses minières dont sont friands nos outils technologiques. Et pourtant, ses habitantes sont parmi les plus pauvres. Au cœur de ce paradoxe, l’appât du gain qui attise la convoitise et, donc, la guerre.
Au Sud-Kivu en RD Congo, 8 familles sur 10 vivent dans le dénuement
le plus total
Nombre de Congolais et de Congolaises ont abandonné l’agriculture en espérant mieux gagner leur vie comme creuseurs dans des mines artisanales. Les mamas twangueuses s’occupent, elles, des activités de concassage, de lavage et de triage des minerais pour des salaires de misère. L’exploitation de ces minerais du sang sème la guerre, l’insécurité et la peur. Et la faim. Pour la plupart de la population du Sud-Kivu, manger 3 repas par jour est un défi utopique. Mais, aujourd’hui, grâce à un ambitieux programme d’Entraide et Fraternité et de ses partenaires congolais pour le déploiement de l’agriculture paysanne dans la région du Sud-Kivu, ils et elles sont nombreux à faire renaître l’espoir dans cette région meurtrie par des violences extrêmes depuis plus d’un quart de siècle.
Concrétiser l’Espérance de Pâques
À l’occasion de ce Carême, soutenons ces populations qui se mobilisent : distribution de semences, financement de formations à l’agroécologie, développement d’infrastructures agricoles durables, accompagnement des femmes victimes de violences sexuelles et d’accidents dans les mines sont autant de solutions développées par les partenaires du Sud-Kivu qui permettront aux familles paysannes de faire, à terme, barrage à la faim. Voir l’action en ligne d’Entraide et Fraternité sur entraide.be.
Que la collecte passe par le panier de l’offrande ou la voie digitale, les WE des 9-10 et 23-24 mars sont dédiés, au sein de l’Église de Belgique, au soutien des projets des partenaires congolais mais aussi de dizaines d’autres projets dans pas moins de 12 pays, tous plus porteurs de vie les uns que les autres. Par nos dons, nous permettons de rendre concrète l’Espérance de Pâques, celle qui conduit les hommes et les femmes de toute la terre à redécouvrir ensemble la joie de la fraternité.
Bon et fécond Carême à toutes et à tous. Merci pour votre solidarité qui permettra à des milliers de paysans et paysannes impactés par la faim et l’injustice en RD Congo de poursuivre leur combat et de prendre part ainsi à la fête de la Résurrection du Christ.
Pour plus d’informations sur le Carême de partage (pistes de célébration, poster de Carême, vidéo, magazine de campagne, revue Juste Terre !, etc.) : entraide.be – info@entraide.be – 02 227 66 80.
Février 2024
Saint Valentin
A la fin de l’Antiquité, Valentin était un nom assez populaire. Deux d’entre eux qui vécurent à la fin du 3ème siècle, un prêtre de Rome et un évêque d’Interamna (aujourd’hui Terni) furent martyrisés tous deux pour leur foi un 14 février par les empereurs romains de l’époque.
La Saint-Valentin comme fête de l’amour courtois (amour médiéval entre homme et femme à la fois sexualisé et idéalisé en tant que sentiment central) est véritablement attestée au XIVème siècle.
Jusqu’à nos jours, la popularité de cette fête est très vivace chez les anglo-saxons en particulier aux Etats-Unis où dans la seconde moité du XIXème siècle se développa la coutume des billets et cartes postales.
Dans la seconde moitié du XXème siècle, la Saint-Valentin se répand dans le reste du monde. Lors de la modification du calendrier liturgique en 1969, l’Eglise, faute d’information fiable, a supprimé cette fête des amoureux ; toutefois, les Eglises locales peuvent toujours continuer à célébrer cette fête.
Le mois de février est donc le mois des amours ; les codes en ont été formalisés au XIVème siècle grâce à l’œuvre d’un poète médiéval anglais, Geoffrey Chauce, dans un poème narratif intitulé « Le Parlement des oiseaux ». Celui-ci montre des oiseaux justement se réunissant lors d’un parlement présidé par Nature le jour de la Saint-Valentin afin de choisir leur partenaire dans une douce ambiance printanière.
Et l’amour
Outre l’aspect commercial, que saint Valentin soit une référence ou non, la question de l’amour reste posée.Qu’est-ce que l’amour ?
Au moment où je formule la question, je suis pris d’un vertige. Comment en quelques lignes oser aborder un univers aussi impressionnant, tellement de fois abordé, vécu à tous les instants de notre vie quotidienne. L’amour est omniprésent en mots, en actes, physiquement et spirituellement.
Dès qu’il est envisagé, l’amour est relation, il nous met en présence de quelque chose ou de quelqu’un. On peut aimer une pierre, un site paysager, un animal , un être humain.
Il y a toujours réciprocité même dans la passivité.
Notre corps est dans l’affectif lorsque chacun de nos sens est attiré par ce qui nous semble devoir être aimé: l’oeil qui regarde une belle oeuvre d’art, le nez sensible à un parfum, l’oreille tendue à l’écoute d’un chef-d’oeuvre musical, les papilles éveillées par une préparation succulente, les sensations révélées par le toucher d’une surface matérielle ou humaine. On peut tomber amoureux de bien des choses et de personnes mais on reste dans l’affectif.
Notre corps est aussi de l’intelligence, de la mémoire, il se définit par notre volonté et notre « liberté » et l’amour traverse tout notre être.
Lorsque deux êtres sont dans une relation d’amour, ils acceptent leur passion (affectif) en la soumettant à la raison, ils décident de faire quelque chose en tenant compte de l’autre.
Réduit au sentiment, l’amour n’est centré que sur soi, sur ses impressions, sur ses idées, son ressenti, la raison et la volonté doivent entrer en jeu.
Si le « sentiment amoureux est beau, il doit être purifié; la raison et la volonté doivent entrer en ligne de jeu ; la raison, le sentiment, la volonté doivent s’unir. » expliquait le pape Benoit XVI.
L’amour est véritablement échange avec un autre et don de sa personne à l’autre qui accueille ce don et le reçoit en retour. Les amoureux doivent donc apprendre à passer d’un « je t’aime » complètement ressenti et affectif, à « je décide de t’aimer chaque jour. » J’aime en exerçant ma volonté et ma liberté.
L’amour est un sentiment volontaire. (Concile Vatican II)
Vous le saviez déjà, il est parfois utile de se le rappeler !
C. S.
Janvier 2024
Durant l’année 2023 fut commémoré le 60ème anniversaire de « Pacem in terris », l’encyclique testament de Saint Jean XXIII publiée le 11-4-1963 quelques mois avant sa mort.
Dans cette encyclique, le bon Pape Jean appelait tous les croyants à collaborer avec tous les hommes de bonne volonté pour le bien commun du monde.
« Il est indéniable que le Saint pape Jean XXIII a apporté une contribution prophétique à l’analyse du monde de l’époque, de ses conflits, de ses espoirs. En rejoignant les soucis de l’humanité, et en l’occurrence le lien essentiel de la paix, l’Église s’est ouverte au monde et positionnée en défenseur de chaque personne humaine dans les grands combats du présent, efforts de développement sans lequel la paix est impossible, recherche des moyens de la paix, droits de l’Homme, indépendance des pays du Tiers Monde, combats qui connaissent un regain d’actualité aujourd’hui… » (Mgr Stenger)
Les successeurs de Jean XXIII, à leur manière et en fonction du contexte de leur époque ont ensuite mis l’accent sur des moyens spécifiques de progresser sur le chemin de cette paix.
Nous en sommes encore bien loin quand on sait que pas moins de 8 conflits majeurs sont la réalité du quotidien de notre monde.
Qu’est-ce que la paix et pour chacun d’entre nous comment pourrions-nous contribuer à la promouvoir ?
Dans son sens premier, paix désigne la concorde, la tranquillité régnant entre deux ou plusieurs personnes (dictionnaire historique de la langue française) ; dans son sens biblique, la paix n’est pas seulement le « pacte » qui permet une vie tranquille, ni le temps de la paix par opposition au temps de la guerre, elle désigne le bien-être de l’existence quotidienne, l’état de l’homme qui vit en harmonie avec la nature, avec lui-même, avec Dieu.
Vivre en harmonie avec la nature, n’est-ce pas ce que le Pape François privilégie dans son Encyclique « Laudato Si » plus que jamais d’actualité : elle est un appel pour faire face à la crise écologique actuelle en misant sur un changement de modèle d’approche qui permettra à tous les êtres humains de vivre de manière durable et dans la dignité. On y retrouve largement développé les conditions pour que les hommes soient en harmonie entre eux dans la sauvegarde de notre environnement.
L’urgence de ce changement est amplifié dans son exhortation récente « Laudate Deum » ; c’est le contenu de cette réflexion que le Pape voulait présenter à la Cop 28. Il est urgent de prendre des mesures pour le climat et sauver notre « maison commune », de se montrer plus pressant encore vis-à-vis de ceux qui nous dirigent.
Nous avons trop tendance à oublier que notre terre et tout ce qui la compose nous a été donné, un cadeau qui a été fait à tous et à chacun pour que nous en prenions soin et qui doit se partager dans la justice.
C’est l’un des aspects majeurs qui doit contribuer à la paix.
A la lecture de la Bible, le mot paix est énoncé 374 fois, cela indique toute l’importance donnée à ce mot et à ce qu’il doit susciter en nous.
Soucieuse de la paix, de cette dimension de concorde entre les hommes, l’Eglise a instauré en 1968, la journée mondiale de la paix ; le thème du message pour 2024 en est « intelligence artificielle et paix » : Les progrès remarquables réalisés dans le domaine des intelligences artificielles ont un impact de plus en plus profond sur l’activité humaine, la vie personnelle et sociale, la politique et l’économie. Là aussi le pape François, comme nous devons l’être, se veut attentif à l’impact de ses progrès
Il appelle à un dialogue ouvert sur le sens de ces nouvelles technologies, dotées d’un potentiel disruptif et d’effets ambivalents. Il rappelle la nécessité d’être vigilant et d’œuvrer pour qu’une logique de violence et de discrimination ne s’enracine pas dans la production et l’utilisation de ces dispositifs, au détriment des plus fragiles et des exclus : l’injustice et l’inégalité nourrissent les conflits et les antagonismes. L’urgence d’orienter la conception et l’utilisation des intelligences artificielles de manière responsable, afin qu’elles soient au service de l’humanité et de la protection de notre maison commune, exige que la réflexion éthique s’étende à la sphère de l’éducation et du droit.
La protection de la dignité de la personne et le souci d’une fraternité réellement ouverte à toute la famille humaine sont des conditions indispensables pour que le développement technologique contribue à la promotion de la justice et de la paix dans le monde.
La récente fête de Noël nous a donné récemment l’occasion de prendre conscience d’une fraternité ouverte à toute la famille humaine et de la vivre. Si ce fut une fête, c’est bien parce que chacun d’entre nous avons recherché le calme, la sérénité, l’harmonie synonymes de paix intérieure.
Cette attitude est indispensable, « La paix dans le monde passe d’abord par la paix individuelle. Celui qui est naturellement en paix avec lui-même sera en paix avec les autres » (Dalaï Lama)
Nous vous souhaitons d’être durant l’année 2024 des artisans de paix en nous-même et autour de nous.
Le Seigneur est proche quand nous sommes des artisans de réconciliation. S’il en est ainsi, la grande famille humaine ne pourra que vivre en paix.
Que cette nouvelle année soit pour vous, une année de paix !
C.S.
Décembre 2023
Jésus n’avait pas droit au logement
Nous nous préparons à fêter Noël ! Nous décorons nos maisons avec des guirlandes et des éclairages, avec un sapin de Noël et des boules scintillantes. Nous réfléchissons aux cadeaux à offrir et aux invités des repas de fête. Notre maison est plus que jamais un lieu de retrouvailles familiales.
Pourtant nous fêtons un enfant qui n’avait pas de maison ! Quand Joseph cherche un endroit pour que Marie accouche de son enfant, il n’en trouve pas. « Elle mit au monde son premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune », nous dit l’évangéliste Luc (Lc 2,7). Jésus n’avait donc pas de toit quand il est né. Il n’avait pas droit au logement !
Dans notre pays aussi, de nombreuses personnes n’ont pas de maison où s’abriter et n’ont pas de logement. Il manque de logement, il y en a trop peu ou ils ne sont pas disponibles, ou ils ne sont pas en ordre. C’est un grand défi pour notre société. Action Vivre Ensemble veut nous sensibiliser à ce problème et contribue à fournir des logements à ceux qui n’en ont pas. Certes, on pourrait se dire : « Ce problème nous dépasse ! » Comment trouver les 90 000 logements qui manquent en Belgique francophone ? Comment ouvrir aux ménages sans abri les 50 000 logements inoccupés ? En fait, il faut commencer par des initiatives concrètes, limitées mais bien ciblées.
Dans l’évangile aussi on constate une réaction au manque de logement pour l’enfant Jésus. D’abord ce fait est présenté comme une étrangeté. Des anges disent à des bergers : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ! » (Lc 2,11-12). Face à cette annonce étonnante, les bergers se mettent en marche. « Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire ! » (Lc 2,16). C’est donc le dénuement de l’enfant
Jésus et sa présence incongrue dans une mangeoire qui ont attiré les bergers. C’est parce qu’il était hors de toute maison qu’il a été trouvé par les bergers ! On pourrait dire que l’enfant pauvre a suscité la compagnie des bergers pauvres. Grâce à eux, il est sorti de la solitude et a trouvé une protection avec eux : la présence des bergers a remplacé la maison qui manquait. La protection est devenue une nouvelle communauté. Si Jésus n’avait pas droit au logement, il eut droit à la visite !
Ainsi aujourd’hui aussi, notre proximité vis-à-vis de ceux qui sont sans toit et sans maison est un premier pas pour leur donner une protection et un réconfort, grâce à l’amitié et à la solidarité. C’est à cela qu’Action Vivre Ensemble nous invite, durant ce temps de l’avent.
Tous, nous sommes invités à faire un geste au service de ceux qui sont sans maison. Nous pouvons nous engager en personne dans les organisations d’entraide ou nous pouvons les financer par nos contributions financières. Nous pouvons aussi nous investir dans la lutte pour une plus grande justice en faveur de ceux qui manquent de logement.
L’Avent est le temps qui nous annonce la venue de Jésus : sa venue dans nos maisons et hors de nos maisons, sa venue dans l’histoire, dans notre actualité et dans notre futur. Que sa présence active progresse dans notre monde, qu’elle envahisse nos cœurs ! Que par notre engagement et notre prière, elle donne un toit et une protection à ceux qui n’en ont pas !
Mgr Jean-Pierre Delville,
évêque de Liège et évêque référendaire
pour Action Vivre Ensemble
Novembre 2023
L’Église catholique de Belgique a un nouvel archevêque
Le 22 juin 2023, Le Pape François a nommé un nouvel archevêque à la tête de l’Église de Belgique, Monseigneur Luc Terlinden.
Qu’est-ce qu’un archevêque ?
Dans l’Eglise catholique, l’autorité est exercée par les évêques en union avec le pape, tous étant successeurs des apôtres. Chaque évêque est responsable d’un diocèse. Nous appartenons au Diocèse de Namur.
En Belgique, nous comptons huit diocèses qui forment une province ecclésiastique. Certains pays comme la France sont divisés en plusieurs provinces ecclésiastiques. A la tête de chacune, nous retrouvons un archevêque (archi-évêque ou évêque-en-chef).
Un archevêque, tout en étant évêque de son diocèse, exerce une certaine primauté sur les évêques des autres diocèses. Cette primauté n’implique pas qu’il puisse intervenir directement dans les diocèses : chaque évêque reste responsable de son Eglise. L’archevêque a davantage un rôle de coordination entre les diocèses. Il peut toutefois exceptionnellement intervenir dans un autre diocèse, en cas de force majeure, mais de manière temporaire et limitée.
(Source : Christophe Herinckx – 23 juin 2023 – dans CathoBel)
Qui est Mgr Luc Terlinden ?
Mgr Luc Terlinden est né à Etterbeek le 17 octobre 1968, dernier d’une famille de sept enfants.
De 1980 à 1986, il accomplit ses humanités à l’Institut Saint-Stanislas à Bruxelles. Après une candidature d’Ingénieur commercial et de gestion à l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve), il obtient une licence en sciences économiques à la Katholieke Universiteit Leuven en 1991. Il effectue ensuite son service militaire à Siegen, en Allemagne.
Après quelques mois d’expérience professionnelle dans l’enseignement secondaire, il entre au Séminaire diocésain de Malines-Bruxelles en septembre 1993. Il est ordonné diacre par le Cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, le 16 octobre 1998. Le Cardinal Godfried Danneels l’ordonne ensuite prêtre au service de l’archidiocèse, le 18 septembre 1999.
Après l’ordination presbytérale, il est envoyé au Collège belge pontifical à Rome pour poursuivre sa formation à l’Accademia Alfonsiana. Il obtient la licence en théologie morale en juin 2001 et est proclamé docteur en théologie morale, dans ce même institut, en juin 2005.
En 2003, il est nommé vicaire à la paroisse Saint-François d’Assise à Louvain-la-Neuve. Il s’investit notamment dans la pastorale des étudiants et fonde un Oratoire, sur le modèle italien, où les adolescents peuvent se retrouver après l’école pour se détendre, partager un repas, prier ensemble… De 2005 à 2014, il a également été responsable du Service diocésain des vocations. En septembre 2010, il est nommé curé dans l’Unité pastorale Sainte-Croix d’Ixelles à Bruxelles, avec pour mission de lancer le Pôle Jeunes des 18-30 ans de la capitale.
En septembre 2017, il devient, en outre, président du Séminaire diocésain francophone installé à Namur, membre du Conseil épiscopal et chanoine titulaire du chapitre de Saint-Rombaut à Malines. Il enseigne également la théologie morale.
Le 1 septembre 2021, le cardinal Jozef De Kesel l’a nommé vicaire général de l’archidiocèse, modérateur du Conseil épiscopal et responsable du Vicariat pour la formation francophone.
Le Pape François a nommé Mgr Luc Terlinden archevêque de Malines-Bruxelles le 22 juin 2023 et évêque du diocèse aux Forces armées belges le 28 juin 2023. Il succède au cardinal Jozef De Kesel.
Le nouvel archevêque fait partie des Fraternités sacerdotales Charles de Foucauld et il est conseiller spirituel d’une Équipe Notre-Dame (mouvement de spiritualité des couples). Il est aumônier scout à l’Unité Saint-André – P.L. de Coninck. Depuis son enfance, il fréquente assidument le scoutisme et pratique le vélo et les sports de montagne.
(Source : Geert De Kerpel dans Cathobel – 05/09/2023)
Octobre 2023
Je voudrais donner mon avis – Pour une synodalité responsable
Lors des échanges auxquels la démarche synodale a donné lieu l’an passé, on m’a rapporté les propos d’une dame qui a dit « c’est bien la première fois qu’on me demande mon avis dans l’Église ». Cette dame avait 91 ans ! La rencontre synodale s’était tenue dans sa maison de repos, qui avait eu l’audace de l’organiser pour ses pensionnaires.
En nous rencontrant, nous avons quelques fois été surpris, ou même bouleversés, par cette dé- couverte : quelle richesse dans le cœur et l’esprit de tel ou tel, quelle belle parole qui me séduit, quelle finesse qui m’aide à mieux comprendre « ce que l’Esprit dit aux Églises » (cf. Ap 2,7) !
Donner son avis. Être écouté. C’est devenu aujourd’hui un besoin vital dans tous les milieux et donc aussi dans l’Église. Le synode a bien mis en lumière cette attente chez de nombreux fidèles. Il s’agit d’y répondre adéquatement.
Les évêques et leurs collaborateurs ont certainement un grand effort à réaliser, en particulier pour trouver les moyens et les pratiques à mettre en œuvre afin que ceux qui le souhaitent puissent s’exprimer et être écoutés. Le chemin vers plus de synodalité est exigeant.
« Je voudrais donner mon avis sur la vie de l’Église. » Oui… mais… quel avis et quelle Église ? Cela est moins évident qu’il n’y paraît. Pour bien des fidèles, « l’Église », c’est leur paroisse, leur communauté chrétienne, et éventuellement aussi l’Église universelle ou surtout le pape François.
Connaître l’Église locale, son diocèse avec ses réalités spécifiques, même simplement la paroisse voisine, semble plutôt réservé à des initiés, aux « permanents » et à leurs équipes. Force est de constater que les moyens de communication mis en œuvre se révèlent souvent insuffisants pour améliorer la perception d’autres réalités d’Église que « son » propre clocher. Chez les responsables dans l’Église, qu’ils soient clercs ou laïcs, il peut exister une certaine frustration liée à cette mécon- naissance, voire ce désintérêt.
On peut se réjouir que les expériences synodales aient pu enrichir l’appartenance à ce corps qu’est l’Église. Se parler, c’est apprendre à se connaître. Et vice-versa. Pour vraiment marcher ensemble, chercher main dans la main le chemin de l’Évangile, mais aussi faire confiance à ceux qui, au sein de l’Église, ont pour mission de faire des choix, de prendre des décisions. L’exercice du leadership dans l’Église est un réel défi ; les réactions aux décisions sont souvent contrastées. Chez certains, c’est l’incompréhension, le découragement ou la démission. On quitte la barque, on va voir ailleurs. Chez d’autres, il y a le sentiment d’une victoire ou… d’une défaite. Les réactions sont même à l’occasion violentes, agressives. Des pétitions sont lancées en réponse à telle ou telle décision. Dans un contexte difficile, où l’on est poussé à être « simplement » pour ou contre, les conseils évangéliques (voir par ex. Eph 4, 1-5) semblent s’être évaporés. Pourtant, si j’ai quelque chose à lui reprocher, Jésus m’invite à aller trouver celui qui reste mon frère (Mt 18, 15).
Réagir à des orientations de l’Église doit se faire en connaissance de cause, avec justesse et dans l’esprit de l’Évangile. Cela aussi fait partie d’une synodalité responsable.
Une expression récurrente au terme de la phase diocésaine du Synode a été la dénonciation du cléricalisme. Trop souvent, dans certains contextes, le prêtre s’arroge certains droits : décider vite et seul, ne pas tenir compte de l’avis des gens, ne pas écouter… Certes, on vient de loin. Il n’y a pas si longtemps, le prêtre était un homme « à tout faire » et surtout un homme « à part », qui pouvait s’installer sur un piédestal. Ce fréquent cas de figure a hélas été le terreau d’abus en tous genres. Or, comme son nom l’indique, le ministère est un service d’Église, confié à certains baptisés. C’est au cœur de la pensée du Concile Vatican II. « Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien », disait déjà saint Augustin. Notre cardinal a en partie repris ce thème essentiel dans sa devise
épiscopale. Le ministère du prêtre (et de l’évêque !) n’est pas d’abord un droit, mais une mission qui lui est confiée.
De fait, il existe aujourd’hui encore des situations où le cléricalisme de certains prêtres doit être dé- noncé. Mais il faut se garder de tomber dans des attitudes ou des réflexions au départ d’un a priori global à l’égard du prêtre. Les prêtres de notre diocèse sont des hommes qui désirent le bien de
la communauté qui leur est confiée et de chacun de ses membres. Il ne leur est pas facile de trouver un juste équilibre : écouter et accueillir différentes sensibilités et… à certains moments choisir, en tant que pasteur, telle ou telle option pastorale. « Je voudrais donner mon avis » : c’est aussi le désir du prêtre ! Le prêtre est aussi mon frère. Il a le même besoin que d’autres d’être écouté avec bienveillance. Sur le pas de sa porte, au coin du feu chez un de ses paroissiens et aussi lors de sa prédication dominicale. En se rappelant que l’art de l’homélie
est parmi les plus exigeants qui soient ! Dès lors… une homélie nourrissante ou interpellante mérite un merci ou un encouragement. Cela encore fait partie d’une synodalité responsable.
Les échanges pendant le synode ont aiguisé non seulement notre désir d’être écouté, mais aussi notre vocation à nous rencontrer, à nous écouter. L’aurions-nous oublié ? Nous nous inscrivons ainsi dans le cœur de la foi d’Israël : écoute ! (Dt 6,4). Tends l’oreille vers Celui qui fait depuis toujours chemin avec nous. Dans le silence d’une brise légère, il me dit : « je voudrais bien te donner mon avis » !
+Jean Kockerols,
évêque auxiliaire pour Bruxelles
Pastoralia Archidiocèse Malines-Bruxelles Janvier/Février 2023
Septembre 2023
En ce début d’année pastorale, nous vous proposons deux textes qui reprennent des réflexions qui ont été menées dans nos paroisses durant l’année précédente.
- Synthèse nationale du processus synodal : texte complet
- La transformation des paroisses au Québec : texte complet
Juillet-Août 2023
Changer de lunettes…
Le temps des vacances est aussi le temps pour pratiquer deux attitudes : découvrir et s’étonner. Grâce à des rencontres, des lectures, des visites, on peut voir autrement les personnes, le monde, les réalités. Les vacances sont des opportunités pour cultiver les couleurs des opinions, des cultures, des spiritualités. Prendre les temps de nuancer et d’enrichir nos pensées, nos convictions avec d’autres lunettes. Une histoire de Jean-Claude Marol nous invite à changer de lunettes.
« En ce temps-là, les messieurs et les dames portaient des sortes de lunettes tout à fait ahurissantes, (…) toutes récréant le monde selon mille points de vue extraordinaires. Avant ce temps-là, un malin avait imaginé ces divers types de lunettes. ‘Pour voir’. Quelques messieurs et dames s’étaient décidés à les essayer et s’étaient bien amusés. Bientôt, tout le monde voulut acquérir ses propres lunettes pour avoir sa vision individualisée des êtres et des choses et bien rire de ce fait. Et, de fait, les messieurs et dames ont bien ri pendant quelque temps : à en quitter leurs lunettes pour essuyer des larmes de rire de leurs yeux et voir un instant les choses comme elles sont !
Et puis, ils rirent un peu moins, pour ne plus rire du tout, quand ils furent tout à fait habitués aux spectacles que leur montraient leurs lunettes : jusqu’à les garder le plus sérieusement du monde constamment sur le nez et même finir par oublier leur existence. Il y avait des lunettes qui faisaient voir tout en noir, il y avait celui qui voyait tout en noir, et là, pas moyen de rire… Il y avait celui qui ne voyait plus que son travail, que ses enfants ou que sa voiture, rien de très drôle dans tout cela. Il se constitua des familles d’esprit, des partis politiques selon les catégories de lunettes portées. Il y eut même de violents affrontements.
Un jour de grand affrontement, (…) un de ceux qui voyaient les autres comme moins intelligents qu’eux reçut un coup entre les yeux. Ses lunettes en furent brisées net. Il fut tellement ahuri de se voir ainsi par terre, avec cette paire de lunettes à côté de lui, qu’en un instant il se rappela leur existence et les vit sur tous les nez des messieurs et des dames. Il éclata d’un rire énorme. Ce devait être un fou qui riait. Comment en un moment aussi grave où il s’agissait d’imposer sa vision de choses pour survivre, en ces temps difficiles où l’on n’est jamais sûr de son prochain, où la violence régnait partout, comment pouvait-on rire ?
Car les messieurs et les dames étaient partout prêts à mourir pour leurs visions des choses et plus souvent prêts à faire mourir. En tout cas, ils n’étaient plus prêts à rire. Le petit monsieur le comprit. Il s’arrêta de rire, replaça ce qui lui restait de lunettes sur son nez pour avoir une allure plus conforme. Et, puisqu’aux yeux des autres messieurs et dames il était normal de se battre, il se promit de casser dans la bataille le maximum de lunettes. Après, on verrait bien… »
Jésus ne nous demande pas d’être violents, il nous invite à nous convertir, c’est-à-dire à voir autrement, à parler autrement, à entendre autrement, à donner autrement. Jésus continue à questionner nos habitudes, il nous invite à bâtir un monde différent, un monde où l’on ne juge pas l’autre sur ce qu’il montre, mais où on prend de le rencontrer tel qu’il est, dans ses réalités et son projet de vie. Regarder avec les yeux de Jésus, c’est voir dans le grain de blé une promesse d’avenir (Jn 12, 24-26), c’est déceler chez chacun un talent au service de la vie (Mt 25,14-30). Entendre avec les oreilles de Jésus, c’est écouter les silences de souffrance, de présence, de discrétion qui en disent plus long que les plus beaux discours (Lc 10,38-42 ; Jn 11, 1-45). Donner à la manière de Jésus, c’est activer une économie du partage et du service, c’est avoir deux mains pour donner (Mt 6,3 ; Jn 6,1-16). Les vacances sont des occasions extraordinaires pour vivre autrement avec soi-même, avec les autres, avec Dieu. Essayons les prochaines semaines pour … voir.
André PACHOD
Communauté de paroisses « aux portes du Bruch »
Juin 2023
L’institution tardive des sept sacrements
Depuis le XIIe siècle, l’Église propose sept sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, l’onction des malades, le mariage et l’ordre (par lequel on devient prêtre).
Pourquoi un tel retard ? Pour plusieurs raisons:
1. L’Église s’est approprié de manière immédiate le baptême, l’eucharistie et l’ordination par imposition des mains. Pour cela elle avait des références scripturaires claires et précises. Pour la confirmation la référence est celle des Actes des apôtres. Pour la pénitence et l’onction des malades elle en a vécu spontanément avant de faire formellement appel à des textes d’Écriture. Pour le mariage, elle a toujours considéré que le mariage chrétien bénéficiait d’un rapport spécial au Christ, mais sans plus.
2. L’Écriture ne fournissait pas de terme collectif pour exprimer la catégorie commune à ces gestes venant du Christ. Le terme scripturaire était celui de mystère, mais l’Écriture l’emploie au singulier pour exprimer l’événement du salut accompli en Jésus-Christ. Les religions grecques à mystères employaient ce mot pour leurs rites majeurs. Le christianisme oriental l’a repris surtout pour le baptême et l’eucharistie. En latin ce fut Tertullien qui mit sur orbite le terme de sacrement, c’est-à-dire de « serment sacré » utilisé en droit romain ou pour l’engagement d’un soldat dans l’armée. Ce terme s’est généralisé en Occident. Mais son contenu, ou son concept, n’était pas encore élucidé et il a été employé assez largement pour beaucoup de réalités, par exemple le sacre des rois, la profession religieuse, et tout ce qui connotait une forme de consécration. C’est pourquoi on a pu compter jusqu’à 12 sacrements. Puis une décantation s’est faite pour discerner dans ces rites divers ce qui venait vraiment du Christ de ce qui avait été institué par l’Église (sacramentaux). La révision a été réductrice et on est arrivé à sept.
3. Au moment de la Réforme le conflit s’organisa autour de l’institution par le Christ : les Réformateurs n’ont voulu retenir comme sacrements que ce qui était formellement attesté dans l’Écriture en lien direct avec le Christ (geste et source de grâce). L’Église catholique se référait davantage à la pratique immémoriale de l’Église. Mais les débats théologiques ont été vifs autour de l’institution immédiate ou de l’institution médiate. Aujourd’hui le concept du Christ fondement de l’Église et de ses sacrements dans son mystère pascal permet d’éclairer la question.
En réalité, chaque sacrement représente un cas particulier. Si l’institution par le Christ est bibliquement fondée pour l’eucharistie et, d’une autre manière, pour le baptême et la confession-réconciliation, ainsi que pour l’Ordre, il apparaît que la confirmation, l’onction des malades et le mariage ont bien une relation avec le Christ des évangiles, mais celle-ci n’est pas immédiate.
Père Bernard Sesboüé, jésuite dans La Croix du 07/06/2017
Mai 2023
Pourquoi on ne va plus à la messe ?
Ils étaient près de 25 % jusque dans les années 1960. Aujourd’hui, les catholiques pratiquants – celles et ceux qui vont à la messe du dimanche – sont à peine 5 %, voire moins. Comment expliquer pareille chute ?
On allègue de multiples causes : une société consumériste et hédoniste de plus en plus déchristianisée ; la liberté (et le rejet) face aux injonctions de l’Église en matière de vie sexuelle et conjugale, ou de procréation ; les activités de détente et de sport, qui occupent hommes et femmes de 7 à 77 ans tous les samedis et dimanches que Dieu fait…
Rien de tout cela n’est faux. Mais avec ces raisons extérieures, on a toujours l’air de dire que c’est la faute aux autres. N’y aurait-il rien à redire à la messe dominicale elle-même, à la façon de la célébrer et de la vivre ? En revenant intentionnellement sur le sujet, ces derniers mois, avec des amis d’âge divers, j’ai presque invariablement entendu la réponse : « Ah non, merci ! Je n’en peux plus, c’est l’ennui absolu, j’ai arrêté d’y aller. » Pourtant, la plupart n’y ont pas renoncé de gaîté de cœur, ils « culpabilisent » même d’être devenu des intermittents ou des absents. Qu’est-ce qui cloche au fond ? D’où vient le malaise actuel ?
C’est que nombre de célébrations (avant tout les messes dominicales) sont aujourd’hui traversées par une contradiction flagrante. Pour le dire d’un mot : on assiste à la messe (on parle couramment de l’« assistance » présente), et on n’y participe guère ou très peu.
Pourtant, s’il a été décidé que la messe dite « de Paul VI », instaurée en 1969, serait célébrée dans la langue de chaque pays et non plus en latin, ce n’était pas pour continuer d’« assister » passivement à un spectacle qui se joue dans le chœur de l’église avec un seul ou quelques acteurs, si essentiels soient-ils : le ou les prêtres célébrants. C’était bien pour que les fidèles participent, aussi activement et aussi nombreux que possible, selon des formes à inventer, à la célébration de l’eucharistie, c’est-à-dire à cette rencontre où la communauté se souvient de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts, vivant aujourd’hui, dont le retour glorieux est espéré et désiré, selon les paroles de l’« anamnèse » chantée ou dite après la consécration. Mieux : c’était pour que chacun des participants fasse et refasse l’expérience concrète, intérieure, de ce qui s’est passé « la veille de sa mort, au cours d’un repas… ».
ENNUI
La question est : n’est-on pas allé, depuis trente ou quarante ans, à rebours de cet objectif ? Tout se passe dans le chœur, où le prêtre évolue seul et célèbre à la place de tous. Il « préside », comme on dit, mais au mauvais sens du mot : la part de l’assemblée est très faible, quasi inexistante durant une grande partie de la messe.
Comment ne pas comprendre que beaucoup « s’ennuient », surtout durant une prière eucharistique plus ou moins longue ? D’autant plus qu’un rituel de nouveau figé, où gestes, paroles et déplacements sont appliqués exactement et dans les détails, a pris le pas sur une célébration plus ouverte, plus collective et plus invitante. Certains prêtres en rajoutent sur le « sacré » dans l’espace séparé du chœur, alors qu’ils devraient avant tout célébrer pour et avec l’assemblée l’événement de la rencontre avec le Christ Jésus – qui n’a rien de « sacré ».
Je ne méconnais pas la difficulté, surtout dans des églises dont l’espace est inapte à une participation vivante. Mais pour donner envie de continuer, au moins devrait-on chercher à faire mieux, en évitant de remettre dans de vieilles outres le vin nouveau de la messe de Paul VI.
Jean-Louis SCHLEGEL, sociologue des religions – Publié le 02/11/2019 dans Ouest-France
Avril 2023
Population, économie et écosystèmes brésiliens
(extrait du magazine de campagne d’Entraide et Fraternité)
La composition de la population brésilienne témoigne d’une grande diversité culturelle, fruit de vagues successives d’immigration. Le pays reste néanmoins marqué par de fortes inégalités qui sont fonction de l’origine ethnique, du niveau de la répartition des richesses, ou encore de l’accès au travail. Sur le plan environnemental, le Brésil est doté d’une importante biodiversité et fait partie des pays que l’on appelle « méga-diversifiés ». Il abrite entre 15 et 20 % de toutes les espèces de faune et de flore de la planète. L’expression « Dieu est brésilien » renvoie par ailleurs au fait que le Brésil aurait été gâté par la nature en termes de ressources naturelles. C’est également une puissance pétrolière importante.
Qui dit biodiversité dit aussi exploitation illégale de toute une série de richesses et inégalités importantes. En effet, ses ressources naturelles ont progressivement permis au Brésil de devenir un acteur important sur la scène internationale, grâce à un modèle économique orienté vers l’exportation de produits alimentaires ou de minéraux. Le Brésil est le premier producteur et exportateur mondial de soja, de sucre, de viande ou encore de café. Ce faisant, il est apparu comme un allié économique majeur pour beaucoup de pays, comme c’est le cas pour ceux de l’Union Européenne. Mais cette richesse est loin de profiter à toute la population. Le Brésil reste en effet marqué par de grandes inégalités sociales, tandis qu’une partie des brésiliens meurent de faim ou sont victimes d’insécurité alimentaire. Plus encore, cette croissance économique s’est construite sur une importante exploitation des ressources naturelles du Brésil et sur l’expansion agricole, au détriment des populations autochtones et des communautés traditionnelles.
L’environnement n’est pas non plus épargné. La déforestation est alarmante et croit d’années en années. Ainsi, en 20 ans, le Brésil a perdu 28,2 millions d’hectares de forêts primaires humides, soit 45 % de la couverture arborée totale1. Les écosystèmes de l’Amazonie et du Cerrado sont particulièrement touchés, et représentaient, ensemble, quelques 89,2 % de la surface déboisée en 2021. Le Cerrado est par ailleurs devenu un point central de l’expansion agricole brésilienne depuis les années 1970, en étant le lieu de culture des principaux produits d’exportation brésiliens. Une grande partie de la déforestation du Cerrado est le fait d’actions illégales.
La destruction du Cerrado est alarmante. Deuxième plus grand biome brésilien et abritant à lui seul 5 % de la biodiversité planétaire 2 , il alimente huit des douze principaux bassins fluviaux du pays, irrigue 40 % du territoire national et fournit de l’électricité à 9 brésiliens sur 10. Sa destruction, associée à celle de l’Amazonie, diminue le flux d’eau à destination des bassins hydrauliques. Plus encore, sa végétation, constituée d’un vaste réseau de racines souterraines, joue un rôle central dans la préservation des autres écosystèmes, tels que sont l’Amazonie et le Pantanal. La mort du Cerrado impliquerait également la mort de l’Amazonie. Ces écosystèmes sont donc interreliés et doivent tous être protégé.
1 https://www.globalforestwatch.org
2 https://www.wwf.fr/champs-d action/alimentation/deforestation
Entraide et Fraternité travaille en collaboration avec ses partenaires (Commission pastorale de la terre de Goiás, Agro é fogo) dans l’État deGoiás, situé dans le centre-ouest du Brésil. D’une superficie de 340 086,6 km², sa capitale est Goiânia. Le climat y est tropical et semi-humide, tandis que sa végétation est celle du Cerrado (prairies, savanes et terres tropicales et subtropicales)
Mars 2023
Carême 2023 – Brésil : la terre, c’est la vie ! Ils et elles résistent pour exister !
Depuis ces trois dernières années, crises sanitaire, géopolitique, climatique, économique, énergétique s’additionnent. Ces crises rythment tristement et violemment notre quotidien, à tous et à toutes. Dans ce contexte, ce Carême nous offre une nouvelle possibilité de nous soutenir mutuellement et de cheminer ensemble vers Pâques.
Cette année, c’est vers les Brésiliens que notre regard se tourne. Au Brésil, comme dans d’autres régions du monde, l’eau est détournée, pompée par l’agro-industrie et les extractions minières, les écosystèmes sont détruits, pollués et la déforestation fait rage. La terre est menacée. Or, elle est la vie ! Privées de leurs ressources naturelles et faisant face à une violence systémique sans précédent, les communautés paysannes, quilombolas (descendants des esclaves) et les populations autochtones se meurent peu à peu. Tandis que les grandes entreprises du secteur engrangent des profits faramineux.
La résistance s’organise mais elle est sévèrement réprimée. Entre 2012 et 2021, près de 342 personnes ont payé de leur vie ce combat. Des assassinats qui restent impunis. De plus, et alors que la faim augmente au Brésil, l’exploitation des terres et des forêts en constante progression détruit les écosystèmes à protéger que sont le Cerrado, l’Amazonie et le Pantanal. Il ne fait aucun doute que si l’accord commercial meurtrier entre l’Union européenne et le MERCOSUR est ratifié, on assistera à encore plus de déforestation et d’accaparements de terres, et d’atteinte aux droits des paysans et paysannes.
Aux côtés des défenseurs et défenseuses de la planète
À l’occasion de ce Carême, Entraide et Fraternité se mobilise aux côtés de ses partenaires brésiliens qui s’organisent et défendent les victimes de l’agro-industrie, de conflits fonciers et de violences, pour leur permettre d’accéder à la terre, de vivre dans des conditions dignes, de s’organiser et de se défendre. Avec vous, nous voulons soutenir ces défenseurs et défenseuses de la terre qui subissent, tout comme la terre qu’ils et elles défendent, les conséquences désastreuses des projets d’extraction minière et hydroélectrique, ainsi qu’une importante répression. Voir l’action en ligne d’Entraide et Fraternité sur www.entraide.be.
Que la collecte passe par le panier de l’offrande ou la voie digitale, les WE des 18-19 mars et 1-2 avril sont dédiés, au sein de l’Église de Belgique, au soutien des projets des partenaires brésiliens mais aussi de dizaines d’autres projets dans pas moins de 12 pays, tous plus porteurs de vie les uns que les autres.
Vous pouvez faire votre don de Carême sur le compte d’Entraide et Fraternité BE68 0000 0000 3434 – communication 7101, en ligne sur www.entraide.be ou encore via les réseaux sociaux de l’ONG (Facebook et Instagram). Une attestation fiscale est délivrée pour tout don de 40 € minimum par an. Nous vous invitons également à consulter et à partager notre page de campagne : careme.entraide.be
Bon et fécond Carême à toutes et à tous. Merci pour votre solidarité qui permettra à des milliers de paysans et paysannes impactés par la faim et l’injustice au Brésil de poursuivre leur combat et de prendre part ainsi à la fête de la Résurrection du Christ.
Pour plus d’informations sur le Carême de partage (pistes de célébration, poster de Carême, vidéo, magazine de campagne, revue Juste Terre !, etc.) : www.entraide.be – info@entraide.be – 02 227 66 80.
« Je rêve d’une Amazonie qui préserve cette richesse culturelle qui la distingue, où la beauté humaine brille de diverses manières.
Je rêve d’une Amazonie qui préserve jalousement l’irrésistible beauté naturelle qui la décore, la vie débordante qui remplit ses fleuves et ses forêts.
Je rêve de communautés chrétiennes capables de se donner et de s’incarner en Amazonie, au point de donner à l’Église de nouveaux visages aux traits amazoniens. »
Pape François, Querida Amazonia, Amazonie bien-aimée
Février 2023
Les siècles ont beau se succéder, les bons vieux péchés d’antan restent d’actualité et gardent une éternelle jeunesse.
Avarice, paresse, gourmandise, orgueil, luxure, envie et colère… Les anciens reconnaîtront les sept péchés capitaux, tels qu’enseignés par le catéchisme de leur enfance. Le monde a bien changé, mais force est de constater que ces bons vieux péchés restent d’actualité et gardent une éternelle jeunesse. Si parfois ils parasitent l’âme en solitaire, c’est souvent associés à d’autres qu’ils pourrissent une vie. Existe ainsi un binôme dont les affaires fleurissent : il s’agit du couple infernal, né des amours entre l’envie et la colère.
L’envie – aussi appelée « jalousie » – est un sentiment quasi universel, qui consiste à prendre ombrage de ce que l’autre a et dont je me sens privé. Ce n’est pas tant ce qui lui manque qui ronge l’envieux, mais bien le fait que son voisin – lui – le posséderait. Ce péché est d’autant plus puissant, qu’il est presque toujours honteux. Il est, en effet, très rare que l’envieux reconnaisse qu’il est rongé par la jalousie… Son vice ne l’en dominera que davantage. L’individualisme narcissique que notre société cultive depuis deux siècles, ne fait qu’attiser la rivalité mimétique qui consume le regard de l’envieux. L’enfant-roi ne tolère pas que son voisin ait un hochet qui lui échappe. Il fera donc tout pour le lui prendre, ou pour le casser.
La colère est ce feu qui nous met hors de nous-mêmes. S’il existe de saintes colères, mues par un authentique désir de justice, le vice de la colère est nourri par le sentiment tronqué de subir une injustice. Alors, l’ego se met en rage et les pensées se font violentes. Les promesses d’un accès sans limite à l’abondance matérielle dont la société de consommation nous a gavées, se sont avérées vaines. La croissance économique patine, l’environnement s’effondre et les générations montantes vivent moins bien que leurs parents. Alors couve une colère qui s’exprime sous toutes les bannières, allant de la droite identitaire jusqu’à la gauche victimaire. Chacun s’indigne et bave sa rage. Il suffit de faire un petit tour sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre.
Quand la colère attise l’envie et que l’envie nourrit la colère, advient un double vice qui pollue l’âme au carré. Prenons le président russe, pétri de colère devant la perte de grandeur de son pays et envieux d’un Occident, qu’il n’en hait que davantage. La suite est connue… Je pense aussi à un ami à la générosité héroïque, parti au loin pour aider un peuple démuni. Il découvre que, sur place, d’aucuns manigancent pour saboter son œuvre, car ils ne lui pardonnent pas le bien qu’il leur fait, par jalousie pour son zèle et colère devant leur précarité. C’est aussi ce satané binôme qui fait en sorte que l’ennemi à abattre est souvent celui qui me ressemble, bien plus que celui auquel tout m’oppose. D’où les guerres fratricides entre factions marxistes, phalanges fascistes et autres. Ce prochain, si proche, qui me fait de l’ombre et que je jalouse, une noire colère me presse à l’abattre par le verbe, la plume ou le couteau. Ainsi aussi, dans la planète catholique, les attaques les plus insidieuses ne viennent pas d’anticléricaux fanatiques, mais bien de zélés fidèles se croyant « plus catholiques que le pape ». En colère de ne pas vivre dans l’Église de leurs rêves et envieux envers ceux qui en portent le fardeau, ceux-là troquent l’élan missionnaire pour un rejet suicidaire de l’Église réelle. Emmurés dans leurs reproches, ils « filtrent le moustique et avalent le chameau » (Matthieu 23, 24).
Face au cancer de l’envie et de la colère, la démarche synodale voulue par notre Pape dans l’Église, peut se révéler un puissant antidote. “Synode” signifie en grec : “marcher ensemble”, soit d’apprendre à se parler et à s’écouter. Rien de tel pour éteindre le feu de la colère et briser le poison de l’envie, que de discerner ensemble ce que l’Esprit murmure à Son Église.
Eric de Beukelaer dans La Libre Belgique du 14/11/2022
Janvier 2023
Avancer vers notre belle Étoile !
Un jour où, adolescent, je n’avais pas le moral, mon père m’a dit : « Le secret pour avancer dans la vie, c’est de croire à sa bonne étoile, c’est de suivre sa belle étoile ; voilà ce que je te souhaite toujours. »
Il ne le sait pas, mais ce vœu tout plein d’amour est parmi les phrases les plus fortes et les plus décisives de ma vie. Son conseil n’a pas empêché dans ma vie bourrasques, froidures et dépressions mais en moi, la petite lampe de l’espérance s’est allumée pour de bon, véritable matériel de survie, de douce sérénité.
Un peu comme le firent les mages d’Orient il y a 2000 ans, ce vœu m’a aussi conduit à chercher ce qu’était cette « bonne étoile », cette « belle étoile », si mystérieuse. Progressivement, j’ai compris qu’elle n’était pas dans les biens matériels ou la carrière mais dans l’amour reçu, donné, partagé. Et que cet amour avait une origine : Dieu lui-même. Par grâce, j’ai expérimenté que cet Amour s’était manifesté d’une manière toute spéciale par le Christ, avec le Christ, dans le Christ.
Oui, c’est vers lui qu’il faut aller, c’est avec lui qu’il faut marcher, c’est en lui qu’il faut vivre et espérer, même dans les souffrances, difficultés et obstacles !
Alors en ce début d’année, laissez-moi nous souhaiter d’avancer vers notre belle Étoile, le Christ, qui vient lui-même à nous. En le laissant irriguer nos vies par son Amour infini, nous pourrons, à notre tour, devenir davantage des êtres de compassion, de consolation, de bénédiction. Puissions-nous aussi, comme mon père, homme de foi, le fit pour moi, avoir le courage de dire à d’autres qu’une belle Étoile brille pour eux quelle que soit la nuit.
Bertrand Lethu Site « Chrétiens aujourd’hui »
Une année où tu vas en baver !
Si je te souhaite une année paisible, tranquille, ce sera désirer que tu te replies sur toi-même. Alors, pas question !
Si je t’offre les habituels vœux sucrés, ça veut dire que je ne souhaite aucun piment dans ta vie. Ne compte pas sur moi pour ça !
Si je t’envoie mes vœux stéréotypés parce que tu es dans mon fichier et que, rituellement, c’est une corvée que je dois assumer, seule la poste ne trouvera rien à redire. Tu te sentiras reconnu mais pas respecté.
Mais si je t’envoie quelques mots bien ciblés, qui vont te remplir de joie, de douceur et de tendresse malgré leur brièveté, alors tu sauras que tu existes en moi, hors la forme habituelle où tu penserais que tu n’es qu’un parmi tant d’autres.
Je te souhaite une année dure, exigeante, où tu vas en baver parce que les autres ne te laisseront jamais indifférent…
Parce que tu vibreras à toute misère, toute souffrance et que tu seras là pour apaiser et réconcilier.
Je te souhaite une année où tu sauras prendre du temps pour toi.
Trois cent soixante-cinq jours bourrés à bloc des autres (au point que tu y perdras ton âme et sans doute ta santé), ça, ce ne sont pas mes vœux !
Une année où tu prendras du temps pour toi, d’abord, sera l’année que je te souhaite.
La puissance que tu emmagasineras te rendra fort, ardent et plein de discernement pour le service des autres.
Une année où la prière et le silence seront tes atouts maîtres.
Une année où tu seras alors performant au-delà de l’imaginable
Une année où tu vas choisir ta famille en priorité sera, à coup sûr, ton année phare. Elle sera grâce pour toi et les tiens.
Enfin, une grande puissance d’écoute pour tous ceux et celles qui te solliciteront : famille, voisins, amis et emmerdeurs de tout poil, est mon vœu presque final.
J’achève en souhaitant que tu sois un être de miséricorde. Notre monde a un immense besoin d’humains qui pardonnent et sachent demander pardon.
Seuls ces êtres donneront à un monde dur, figé sur l’apparence, le fric et le pouvoir, l’oxygène qui le fera vivre. Face au cynisme de la loi du marché et au narcissisme de la richesse, il est plus que temps de passer à la résistance spirituelle.
Bonne année, donc, où tu vas en baver !
Père Guy Gilbert https://sitecoles.enseignement-catholique.fr/